La fonction maternelle apparaît comme un passage obligatoire dans toute vie féminine : toute femme sera, à un moment dans sa vie, confrontée au désir d’enfant.
Il est cependant important, dans un premier temps, de distinguer deux significations du concept de “désir d’enfant” : il renvoie en effet à deux sens différents que sont le désir d’élever un enfant et le simple désir de grossesse.
Le désir d’avoir un enfant est associé à la volonté de découvrir ce nouveau sujet dans lequel on projette une partie de notre propre existence, sujet que l’on ne peut que fantasmer jusqu’à la naissance de ce dernier.
Selon Freud, ce désir d’enfant apparaît chez la petite fille lors de ses 18 mois environ, lorsqu’elle commence à s’identifier à sa propre mère. Vient ensuite la période du complexe d’Œdipe, jusqu’à environ 6 ans, durant laquelle la fille se détourne de la mère pour se rapprocher de son père, évoquant parfois la volonté de se marier ou faire un bébé avec lui. Le désir d’enfant se prolonge, mais sous une autre forme. Suite à cette phase, les enfants commencent à intégrer les différents interdits sociaux et renoncent donc à ces envies.
Le désir d’enfant serait lié à la reconnaissance de sa propre mère, apparaissant alors comme la perpétuation du désir d’enfant de celle-ci, mais par le biais de sa propre personne.
Il serait ainsi nécessaire d’avoir une figure maternelle référente pour enfanter, ceci expliquant pourquoi les femmes ayant connu une relation mère-fille difficile vont bien souvent repousser voire rejeter leur propre désir d’enfant.
Le désir de grossesse, quant à lui, est davantage lié à la volonté d’être enceinte, habitée, de vivre ce moment unique dans la vie d’une femme, cet accomplissement qui apporte plénitude et satisfaction.
Il est également associé au désir de vivre le passage à un corps de femme, la grossesse étant alors perçue comme le niveau ultime de féminité.
Au niveau psychique, la grossesse est d’ailleurs liée de près à un puissant regain d’importance de l’inconscient sur le conscient. Elle apporte notamment des représentations fantasmatiques de l’enfant dans l’esprit de la mère percevant l’enfant comme l’objet comblant tous ses vides.
Winnicott considère que l’état d’hypersensibilité ressenti par la mère suite à la naissance, qu’il qualifie de “préoccupation maternelle primaire”, est un état créé par l’inconscient de la mère, et destiné à créer et maintenir chez l’enfant le sentiment d’exister. Cet état se manifeste par une capacité à ressentir (et donc apaiser) toutes les émotions vécues par l’enfant. Lorsque l’enfant commencera à ressentir le besoin de se différencier, il marquera alors la rupture de cette préoccupation maternelle primaire.
Le maternel est fortement lié au stade du miroir en psychanalyse : selon Françoise Dolto, l’enfant parvient à prendre conscience de son corps grâce au rôle joué par la mère. Cette dernière, de par ses gestes, ses soins et ses paroles, va permettre à son enfant d’appréhender qui il est, de sentir qu’il existe et qu’il est lui-même.
En touchant ou en parlant à son enfant par exemple, elle va lui permettre d’aller au-delà de ses seules sensations physiques : il va finir par se sentir physiquement et psychiquement, et ainsi comprendre qu’il est un sujet distinct de son environnement. Il comprendra également que tout ce qu’il peut toucher, observer et sentir peut également l’être par les autres.
Dans le miroir, l’enfant va donc découvrir son corps “en vrai” (que Dolto nommera le “schéma corporel”) et son corps “dans la tête” (l’image inconsciente du corps, construite sur la base des échanges avec les autres).
Cela démontre à quel point corps et tête sont indissociables, et pourrait expliquer pourquoi certains maux affectant une partie spécifique du corps ne trouvent aucune explication génétique ou environnementale : ces séquelles seraient liées aux effets des interactions du corps réel avec les autres lors des premiers moments de vie.
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Vous pouvez également consulter mon article abordant la psychanalyse du paternel.