Je voudrais me permettre d'être un peu original, dans la manière dont je vais tâcher d'explorer la relation entre discours et emprise. Le sujet est évidemment très large, et nous pourrions être tenter de l'aborder, pour mieux le saisir, en l'illustrant par des exemples classiques provenant d'autres nations ou d'autres temps : on traiterait par exemple volontiers de l'emprise du discours chrétien sur les peuples européens au Moyen-Age, ou de la propagande nazie dont a été victime le peuple allemand durant la seconde guerre mondiale, ou encore du discours djihadiste qui, aujourd'hui chez nous, peut mettre sous emprise certaines franges de la population. Si ces exemples classiques permettent d'illustrer effectivement le pouvoir dogmatique que peuvent avoir les mots sur les sujets, ils risquent néanmoins de donner à croire que dans nos sociétés industrielles modernes et démocratiques, la grande majorité de la population se situe en dehors de tels phénomènes d'emprise et que nous serions devenus des sujets libres, au sein d'une société qui réprouve la hiérarchie et le dogmatisme.